Introduction

Le vieillissement de la population est une réalité incontournable en Belgique comme ailleurs en Europe. Plutôt que de considérer cette évolution démographique comme un fardeau, de nombreuses communes ont choisi de l’aborder comme une opportunité en impliquant activement les aînés dans la vie locale. C’est dans ce contexte qu’ont émergé les Conseils Consultatifs Communaux des Aînés (CCCA), véritables passerelles entre les Seniors et les autorités locales. Mais que sont exactement ces conseils ? Qui en fait partie? Et surtout, quel est leur impact sur le quotidien des citoyens ? Cet article fait le point sur leur rôle, leur fonctionnement, leur utilité, et les défis qu’ils relèvent.

1. Définition : c’est quoi un CCCA ?

Un Conseil Consultatif Communal des Aînés (CCCA) est une structure participative instaurée au niveau communal pour permettre aux personnes âgées de faire entendre leur voix, de proposer des initiatives et de jouer un rôle actif dans l’élaboration des politiques locales les concernant.

Le CCCA n’est ni un organe politique ni un organe décisionnel. Il s’agit d’un organe consultatif, c’est-à-dire qu’il émet des avis, fait des recommandations, partage des constats et suggère des actions aux autorités communales. C’est un espace de dialogue entre les aînés et les élus locaux, basé sur une collaboration constructive.

Objectifs principaux

• Renforcer la participation citoyenne des aînés
• Être une interface entre la population Senior et les autorités
• Défendre les intérêts des personnes âgées dans les politiques locales
• Favoriser le lien intergénérationnel
• Lutter contre l’isolement des Seniors
• Participer à la construction d’une commune inclusive pour toutes les générations

2. Pourquoi ont-ils été créés ?

Les CCCA ont vu le jour en réponse à plusieurs constats :

• Le vieillissement de la population pose des enjeux nouveaux : accessibilité des services, mobilité, logement, santé, isolement…
• Les politiques publiques ont parfois tendance à ignorer les besoins spécifiques des aînés.
• De nombreux Seniors souhaitent rester actifs, partager leur expérience et contribuer à la société.
• Les communes avaient besoin d’un cadre structuré pour entendre les aînés de manière continue et organisée.

En Région wallonne, leur création est fortement encouragée par les autorités, sans être obligatoire. En Région flamande, des structures similaires existent, appelées "Seniorenraad". En Région bruxelloise, l’approche varie selon les communes.

3. Quel est le rôle d’un CCCA ?

Le rôle d’un Conseil Consultatif Communal des Aînés peut se résumer en trois axes principaux :

a. Représenter les aînés auprès des pouvoirs locaux

Le CCCA agit comme porte-voix des aînés. Il relaie leurs besoins, inquiétudes, idées, et propositions. Il joue un rôle d’intermédiaire entre les citoyens Seniors et le collège communal.

Exemples :

• Proposer l’installation de bancs publics pour favoriser les pauses lors des promenades.
• Suggérer des adaptations dans les bâtiments publics pour les rendre plus accessibles.
• Intervenir sur des sujets de mobilité douce ou de transport adapté.

b. Formuler des avis et recommandations

Les CCCA peuvent être consultés par la commune sur différents projets ou règlements. Ils peuvent aussi prendre l’initiative de produire des avis écrits, des rapports, ou organiser des enquêtes auprès des Seniors de la commune.

Ces recommandations peuvent concerner :

• L’aménagement du territoire
• Les politiques de logement
• Les services à domicile
• Les activités culturelles ou sportives
• L’accueil en maison de repos
• Les programmes de santé publique

c. Initier et soutenir des actions

En plus de leur rôle consultatif, les CCCA sont souvent forces de proposition et moteurs d’initiatives. Ils organisent ou soutiennent des projets concrets dans la commune :

• Conférences sur la santé ou la prévention
• Ateliers numériques pour lutter contre la fracture digitale
• Activités intergénérationnelles (repas partagés, jeux, lectures)
• Marches santé ou promenades culturelles
• Collectes de témoignages sur la mémoire locale

4. Qui sont les membres d’un CCCA ?

La composition d’un CCCA est largement ouverte, mais elle doit refléter une certaine diversité pour garantir la représentativité.

a. Des aînés volontaires

Les membres principaux sont des personnes de plus de 60 ans, habitant la commune, et désireuses de s’impliquer bénévolement. Elles sont souvent issues de milieux divers : anciens enseignants, ouvriers, infirmières, agriculteurs, commerçants… La richesse du conseil vient justement de cette pluralité d’expériences.

b. Des représentants d’associations ou institutions

Certains CCCA intègrent aussi des représentants :

• De services sociaux ou de santé
• De maisons de repos ou résidences-services
• D’associations de Seniors ou d’universités du troisième âge
• De clubs sportifs, culturels ou intergénérationnels

c. Des représentants communaux

Un(e) échevin(e) des affaires sociales ou des aînés est souvent présent(e) en tant que lien officiel avec la commune. Il/elle ne préside pas le conseil mais y participe comme facilitateur.

Un agent communal peut également faire le lien logistique et administratif.

5. Fonctionnement et organisation

a. Création du CCCA

L’initiative de créer un CCCA revient à la commune. Le Conseil communal adopte une délibération de création, définit le règlement d’ordre intérieur, les missions, et les modalités de désignation des membres.

b. Mandat

Les membres sont nommés pour une durée déterminée, souvent 4 ou 6 ans. Ils peuvent être reconduits. La présidence la vice-présidence et le secrétaire est généralement assurée par un membre Senior élu par ses pairs.

c. Réunions

Le CCCA se réunit en général 4 à 6 fois par an, parfois plus en cas de projets urgents ou de consultations. Les réunions peuvent être ouvertes au public ou restreintes aux membres selon les cas.

d. Groupes de travail

Certains CCCA créent des sous-groupes thématiques:

• Logement
• Mobilité
• Santé
• Numérique
• Culture et loisirs
• Solidarité intergénérationnelle

e. Moyens

Le conseil ne dispose pas d’un budget propre, mais la commune peut :

• Mettre à disposition une salle de réunion
• Fournir un soutien administratif
• Allouer un petit budget pour des projets spécifiques
• Imprimer les documents ou communiquer via les canaux officiels

6. Exemples concrets d’actions menées par des CCCA

a. Bruxelles Ville

Le CCCA participe aux cycles de conférences Séniors de la ville. La prochaine conférence aura lieu le 19 juin 2025 de 14 :00 à 16 :30dans la Salle Gothique de l’Hôtel de Ville à la Grand-Place.
Sujet de la conférence, « à quoi dois-je faire attention dans la préparation de ma succession ? » avec Olivier de Clippele.

b. Commune de Libramont

Le CCCA a mené une enquête auprès des Seniors pour identifier les priorités. Résultat : un projet de navette gratuite a été mis en place pour relier les villages au centre-ville.

c. Uccle

Le CCCA a lancé un atelier numérique pour accompagner les aînés dans l’usage des smartphones et tablettes. Une plateforme d’échange entre générations a aussi été mise en place.

d. Namur

Le CCCA de Namur organise chaque année un Salon des Seniors, avec stands, conférences, dépistages santé et démonstrations d’activités adaptées.

e. Malmedy

Le CCCA a contribué à la création de sentiers de promenade sécurisés, avec des bancs, une signalétique adaptée et des panneaux explicatifs.

7. Les défis actuels des CCCA

Malgré leur utilité, les CCCA doivent relever plusieurs défis pour rester pertinents et efficaces :

a. Le renouvellement des membres

Certains conseils peinent à attirer de nouveaux membres, surtout parmi les jeunes retraités qui se sentent moins concernés ou très actifs ailleurs. Il faut donc renouveler les profils et diversifier les expériences.

b. La reconnaissance par les autorités locales

Le poids d’un CCCA dépend de l’écoute réelle du collège communal. Si les avis restent lettre morte, la motivation des membres s’effrite. Il est crucial que les recommandations soient prises au sérieux.

c. L’adaptation aux enjeux modernes

Les CCCA doivent intégrer des enjeux actuels :

• Inclusion numérique
• Urgences climatiques
• Mobilité durable
• Logement alternatif (habitat groupé, kangourou…)

d. La communication

Faire connaître le CCCA au grand public reste un défi. Trop souvent, même les aînés ignorent son existence. Il faut renforcer la visibilité via les bulletins communaux, les réseaux sociaux, ou des événements locaux.

8. Pourquoi les CCCA sont essentiels pour l’avenir ?

Avec une population Senior qui représentera plus d’un quart de la population d’ici 2050, les communes doivent anticiper les transformations sociales. Les CCCA ne sont pas un luxe, mais une nécessité démocratique.

Ils permettent de :

• Faire évoluer les mentalités sur la place des aînés dans la société
• Améliorer la qualité de vie des Seniors et de toute la population
• Prévenir les ruptures sociales et l’isolement
• Tester des solutions locales avant de les généraliser
• Renforcer le tissu social autour de valeurs de solidarité et de partage

Conclusion

Les Conseils Consultatifs Communaux des Aînés (CCCA)sont bien plus que des assemblées consultatives : ce sont des laboratoires de démocratie participative, des espaces d’engagement citoyen, et des leviers de transformation locale. En valorisant l’expérience des aînés, en leur donnant une place active dans la construction des politiques communales, les CCCA participent à un changement de regard sur le vieillissement.

Mais pour rester utiles et puissants, ils doivent évoluer, se renouveler, s’adapter et surtout être écoutés. Les communes qui leur donnent une vraie place en récoltent les fruits : cohésion sociale, innovation locale, et inclusion intergénérationnelle.

Les aînés ne sont pas le passé. Ils sont une ressource pour l’avenir. Les CCCA en sont la preuve.